Il était une fois.

Développé par Ubisoft Montréal, Far Cry 3 : Blood Dragon est une extension autonome, ne nécessitant donc pas le jeu d'origine pour pouvoir être installé. Si on retrouve un gameplay inchangé, l'univers a lui beaucoup été modifié et prend place en 2007, dans un temps hautement alternatif. Exit Jason Brody et l'île paradisiaque qui ne l'était pas vraiment, place au Sergent Rex Colt, mi-homme, mi-machine, un Cyber Commando de la division Mark IV qui devra combattre son ancien commandant et son armée de cyborgs tueurs impitoyables pour sauver l'humanité. Ce titre offre une vision du futur comme celle imaginée dans les films des années 1980. Votre environnement étant assez vaste, libre à vous de choisir votre manière de jouer, soit de jouer avec le furtivité, soit y aller comme un rustre et foncer sur les ennemis. Quelques défis sont également proposés, et il est possible de se déplacer dans des véhicules parfois bien étonnants. Far Cry oblige, le "surnaturel" entre également en jeu, cette fois sous la forme d'ennemis loufoques (tels les dragons de sang), et de situations hautement improbables . Davantage arcade que le titre d'origine, Blood Dragon oublie l'artisanat introduit dans le troisième épisode, et simplifie très nettement la gestion des compétences. Le jeu est également bourré de parodies, et devrait donc plaire davantage aux trentenaires qu'aux férus actuels du genre.

L'histoire trop idiote contient une bonne part de répliques décentes et de scènes volontairement ringardes qui en font une joie à laquelle prêter attention. Heureusement, il ne dépasse pas non plus son accueil, une rareté dans les titres Ubisoft modernes. Le doubleur Michael Biehn d'Aliens et The Terminator livre également bien ses lignes grincheuses et correspond au profil de dur à cuire hypermasculin qui était important dans les films des années 80. Son machisme fonctionne à la fois pour la parodie et pour une représentation honnête des stars d'action qu'il parodie, ce qui en fait un excellent choix dans les deux cas. Combiné avec quelques gags visuels solides, Blood Dragon Classic Edition reste un jeu relativement amusant qui s'engage dans sa partie et n'en fait que trop lorsqu'il correspond à l'excès des années 80 dont il se moque. Far Cry 3 : Blood Dragon propose uniquement une campagne solo composée de sept chapitres. De quoi offrir environ quatre heures et demi de jeu, ce qui demeure assez raisonnable pour un jeu à tarif budget.

Une réalisation à la hauteur ?

Utilisant le même moteur graphique que Far Cry 3, cet épisode offre pourtant une réalisation technique plutôt réussie, même si les couleurs criardes ne séduiront pas tout le monde. Le jeu est d'ailleurs souvent très sombre, et les lumières fluo émanent seulement des panneaux et des ennemis. La profondeur de champ est élégamment rendue, nonobstant, on n'échappe pas à quelques bogues visuels, et il est parfois difficile d'y voir quoique ce soit à l'écran. L'animation demeure assez fluide sur consoles, malgré quelques ralentissements notables, et les protagonistes réagissent en fonction de vos actions. Si quelques soucis d'interface se font sentir (en particulier pour gérer l'inventaire), la jouabilité reste très accessible, et se maîtrise en quelques secondes. Étant à la base un spin-off téléchargeable, Blood Dragon condense l'expérience Far Cry jusqu'à son essence et crée une boucle de progression plus courte et plus rapide qui ne se poursuit pas inutilement. Mais cela peut aussi être limitant car il n'y a pas autant d'options ou de systèmes de jeu que, par exemple, Far Cry 6 . Il n'y a pas non plus grand-chose à faire en dehors de nettoyer les bases et d'effectuer des missions secondaires rudimentaires, ce qui donne l'impression que le monde est vide. Les dragons de sang qui errent sont le seul aspect véritablement nouveau puisque ce genre de bête imposante, à la Big Daddy, n'a pas été reproduite dans la série depuis. Côté son, la bande orignale proposée est de très grande qualité, avec des musiques bien choisies, un doublage très travaillé et des bruitages immersifs.

Far Cry 3 : Blood Dragon Classic Edition ne pourrait même pas mériter le label « remaster » car il se distingue à peine de sa version originale de 2013. Les comparaisons côte à côte de la version PlayStation 3 originale et de la version PlayStation 4 fonctionnant sur une PlayStation 5 sont difficiles à distinguer l'une de l'autre. Il y a évidemment une augmentation de résolution, mais il n'est pas vraiment nécessaire de l'analyser techniquement et de faire des calculs car son manque d'améliorations visuelles est facilement apparent. Il y a un filtre de type VHS couvrant tout le jeu et l'île elle-même est recouverte d'une épaisse couche de brouillard, mais ces choix stylistiques vont à l'encontre du titre dans ce contexte puisqu'il est clair qu'Ubisoft n'a pas alloué beaucoup de ressources à la mise à niveau de ce jeu. Essentiellement, ces choix établis pour aggraver délibérément le jeu ressemblent moins à des décisions créatives délibérées qu’à des éléments d’une réédition précipitée et sous-développée. Il n’existe même pas de version native PS5 du jeu, donc Blood Dragon Classic Edition est également limité par son refus de passer à des systèmes plus récents. Jouer au jeu via la rétrocompatibilité ne donne même pas de coup de pouce spécial, ce qui signifie que le jeu ne fonctionne qu'à 30 images par seconde ce qui est regrettable étant donné que Far Cry 3, 4, 5, New Dawn et Primal (sans parler de plusieurs jeux Assassin's Creed ) fonctionnent tous à 60 images par seconde sur Xbox Series. A noter que la version physique comprend une jaquette reversible, le jeu sur Blu-Ray, un mode d'emploi en couleurs et une feuille d'autocollants.